La proposition de loi qui vise l’interdiction de l’accès aux corridas et aux combats de coqs aux mineurs de 16 ans est une nouvelle fois l’occasion pour les aficionados d’étaler leurs sophismes. Et pour nous l’occasion de les mettre en avant afin de rappeler quelques évidences appuyées par des données. Prouvées, celles-ci.

Pique, banderilles et cure-dents

Le 6 novembre 2024, la radio RMC lors de l’émission « RMC midi » voit l’intervention d’un aficionado du sud-ouest affirmer sans rire que la pique et les banderilles infligées au taureau lors des premier et deuxième tercios sont l’équivalent… de cure-dents. Précisons que la pique mesure environ 10 cm et qu’elle est à plusieurs reprises profondément enfoncée dans le morillo de l’animal afin de sectionner les ligaments adducteurs du cou. Les banderilles sont, quant à elles, des harpons reliés à un manche en bois au moyen d’un ressort qui lacèrent les chairs à chaque mouvement du taureau.

La question des mineurs

Le lendemain, le jeudi 7 novembre 2024, c’est sur CNews, chez Morandini, que nous retrouvons Yanis Ezziadi, lequel sort de l’ombre chaque fois que le fait d’exercer des sévices graves et des actes de cruauté sur des taureaux dans une arène est remis en cause. Il met immédiatement en œuvre le sophisme du « y’a pire ailleurs » en s’appuyant sur l’accès des mineurs à la pornographie, les stades de foot et les jeux vidéo (liste non exhaustive). Quel est le lien ? le questionne l’animateur. Il n’y en a pas.

Ouvrez les yeux, alors !

Pour Yanis Ezziadi, le taureau ne souffre pas. Il ressert une vieille antienne des aficionados selon laquelle le malheureux supplicié sécrèterait des béta-endorphines qui anesthésieraient toute souffrance. Ce serait spécifique à cette race, assure-t-il. Sans doute n’a-t-il pas vu passer le positionnement de l’Ordre national des vétérinaires, daté de 2016, qui vient contredire son affirmation au moyen d’une étude scientifique. Le stress, la souffrance physique et psychologique sont confirmés. Néanmoins, face à un Morandini qui ne cache pas son aversion pour la corrida, il proteste que le public et lui-même, ne voient pas de souffrance. Sans lui laisser le temps de reprendre son souffle, il lui est retorqué un « Ouvrez les yeux, alors ! » péremptoire de bon sens et d’honnêteté.

La mort, ce corolaire de la vie

Fidèle à lui-même, Ezziadi continue sur sa lancée. La mort fait partie de la vie. Personne ne vient le contredire sur ce point. Mais là encore, le lien qu’il entortille sous forme de grand écart cérébral avec la corrida ne démonte pas un Morandini qui ne laisse rien passer. Est-ce une raison pour la provoquer et l’ériger en spectacle où règne la souffrance ? Non, bien évidemment.

Amalgame

L’argument fallacieux de la culture du taureau dans le sud de la France est convoqué. Un amalgame entre traditions camarguaises et tauromachie espagnole est une fois de plus opéré. Mais quel est le rapport entre un lâcher de vachettes et une corrida sanglante qui se termine par la mort douloureuse de l’animal savamment infligée par l’homme ? Poser la question, c’est déjà y répondre. Il est question de corrida, pas de bouvine. En outre, il semble pertinent de rappeler – une fois de plus – que si 80 % des Français veulent voir la corrida abolie (tous sondages confondus), ce chiffre est à peine inférieur à la moyenne nationale dans les régions dites « taurines ». Défendre la corrida en impliquant les populations du sud de la France est un argument spécieux.

Les mêmes arguments fantaisistes sont ressortis dès lors qu’il est question de défendre l’indéfendable. Preuve manifeste que des arguments valides et valables, la corrida n’en possède aucun.

Catégories : Articles