No Hay billetes. Ce cri de joie autosatisfaite signifie que tous les billets pour assister à la corrida ont été vendus. En d’autres termes, que les arènes sont pleines. Nous entendons cette clameur se propager à l’envi depuis quelques semaines, notamment en lien avec la récente reprise de la corrida dans les arènes de Mauguio-Carnon. Or, il semblerait que cet enthousiasme doive quelque peu être modéré.
La corrida est attaquée de manière jusqu’alors inédite et les aficionados resserrent les rangs. C’est ce que nous avons constaté lors de la manifestation du samedi 3 juin à Mauguio : la majorité des véhicules dont les occupants nous témoignaient leur soutien à la corrida – parfois avec des gestes peu élégants – étaient immatriculés dans des départements limitrophes. La municipalité de Mauguio avait décidé d’arrêter les corridas en 2022 pour des raisons financières liées à la désaffection du public pour ce genre de spectacles. Il n’est donc pas certain du tout que les Melgoriens se soient repris d’affection pour ce genre de spectacle. Ce qui nous amène au point suivant.
Par voie de presse, nous apprenons que les places de corrida ont fait l’objet d’une tarification particulièrement attractive, en particulier pour les clubs taurins – c’est-à-dire pour les groupes – avec la gratuité pour les moins de 12 ans. La proposition de loi abolitionniste de novembre dernier a provoqué une certaine fébrilité dans le milieu de la corrida. Le jugement de Pérols qui s’est vu signifier une interdiction en référé d’organiser des corridas a accentué cette fièvre. Aussi, le ralliement est de mise.
Il faut enfin souligner que les arènes de Mauguio disposent d’une jauge d’environ 1 800 personnes.
A la lumière de ces éléments factuels, l’hypothèse est la suivante. Les aficionados, conscients du danger qui pèse sur la corrida, mettent un point d’honneur à remplir des arènes à grands renforts de déplacements facilités par les politiques tarifaires mises en place. Les No hay billetes seraient donc un épiphénomène créé artificiellement pour donner l’illusion d’un regain d’intérêt pour la corrida.
Les mois et les années à venir viendront confirmer cette analyse.