Le délire tauromaniaque ne connaissant point de limites, c’est toute honte bue que dans les année 2000, quelques esprits en éveil ont eu la vision d’une corrida à l’observation des peintures de la grotte de Lascaux.
Hélas ! la science, cette pourfendeuse d’illuminations de génie, est venue semer la consternation dans le petit monde de la corrida. Alertés par la FLAC, d’éminents préhistoriens – tels Norbert Aujoulat (1946 – 2011) – se sont mobilisés pour mettre un terme à cette fumisterie qualifiée d’imposture par la FLAC.
Le tollé que cette appropriation culturelle a soulevé a abouti à la proclamation de la ville de Montignac – qui abrite la grotte de Lascaux – « ville anticorrida ». Il est évident que toute personne ou institution qui sait faire preuve de rigueur intellectuelle autant que d’honnêteté historique ne peut que se sentir agressée par une déclaration sortant de nulle part qui s’assied sur les études les plus sérieuses.
Mais la dialectique des défenseurs du charcutage (festif et convivial) de bovins, sans doute faute d’arguments recevables, exhume de nouveau le fantôme des corridas de Lascaux du tombeau où il aurait dû reposer en paix pour l’éternité.
C’est ainsi que nous apprenons que les corridas de Vic-Fézensac (Gers), millésime 2023, font l’objet d’une affiche commandée à Antoni Taulé, peintre et aficionado, qui a cru bon de s’inspirer des représentations de la grotte de Lascaux.
Cependant, le président du club taurin de Vic-Fezensac apporte quelques nuances au propos de ses prédécesseurs : « Comme on est dans une période anti-corrida, il [le peintre aficionado Antoni Taulé] s’est inspiré des taureaux de la grotte de Lascaux. Il a peint une tête de taureau avec des traits qui ne sont pas nets, de la même manière que les hommes préhistoriques, qui utilisaient de la suie et du charbon. Tout ça pour dire que les taureaux ont toujours concerné les hommes qui ont vu dans cet animal la force, la puissance et le combat. »
Sur quels travaux repose cette affirmation qui attribue cette représentation du taureau à nos ancêtres ? Qu’en pensent les paléontologues ? D’où cela sort-il ? Poser la question, c’est déjà y répondre. On ne peut en revanche que constater une nouvelle tentative, sur la pointe des pieds, d’amalgamer avec la corrida un patrimoine culturel mondial. Amalgame contre lequel, rappelons le, la communauté scientifique s’est opposée unanimement. Norbert Aujoulat, spécialiste des peintures de Lascaux, avait d’ailleurs déclaré lors d’une conférence : “Lascaux c’est la vie, la corrida c’est la mort”.
Si cohérence il y a entre cette affiche qui incite aux corridas et une référence aux peintures rupestres de la grotte de Lascaux, sans doute faut-il la rechercher dans la première partie de la première phrase du président du club taurin précédemment cité : « Comme on est dans une période anti-corrida […] Evidemment, le rejet de 80% de la population et des attaques qui vont croissant justifient que tous les moyens soient mis en œuvre pour sauver le soldat tauromaniaque. Même les plus loufoques. Il faut foncer, on ne sait jamais : sur un malentendu, ça peut fonctionner.